Site de l' Alliance de La République des Cieux
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Site de l' Alliance de La République des Cieux

Forum
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

 

 La rue des conteurs

Aller en bas 
AuteurMessage
Mithos
Officier Rebel
Officier Rebel
Mithos


Nombre de messages : 22
Date d'inscription : 02/10/2007

La rue des conteurs Empty
MessageSujet: La rue des conteurs   La rue des conteurs Icon_minitimeMar 9 Oct - 18:11

Tu te promènes tranquillement dans la rue quand soudain tu entends des gens parler. Tu t'avances encore et tu débouches soudain sur une artère discrète mais bondée. Partout, des petits groupes de gens encerclant un homme ou une femme. Les cheveux longs blonds ou argents, ils sont tous frêles, les hommes en ressemblent presqu'au femmes, pâles. Mais pas invisible. Dans la pénombre de la rue, on dirait presque qu'un halo lumineux les entoure et ton regard est immédiatement attiré par eux.
Ils ont l'air jeune et pourtant on sent leur sagesse et leur érudition. Ils ont vécu longtemps et savent plus de choses que le plus savant. Tu t'approches d'un groupe et écoute le Conteur qui leur parle. Il raconte une histoire vieille et belle...


Une brise glaciale parcourait la surface du lac Aria. Les roseaux, secoués en tout sens, semblaient sur le point de se rompre mais la surface de l’eau restait immobile comme si elle était trop lourde pour le vent nocturne. Sur la rive, enveloppée dans une cape légère, Sandra fixait le centre du lac où elle savait que se trouvait un îlot rocheux bien qu’elle ne puisse le voir. La jeune fille arrivait au bout de son voyage. Cette dernière étape, elle devait l’accomplir seule. Ses amis étaient restés à l’auberge. Au matin, il ne la retrouverait pas. Ils ne comprendraient sûrement pas. Si, peut-être Eric ; lui, il comprendrait. Il en souffrirait, mais il comprendrait. Cette dernière étape, elle devait l’accomplir seule.
Une barque conduite par un vieillard dont les traits étaient cachés par une capuche déchira l’obscurité et accosta prêt de l’adolescente. L’homme l’aida à monter puis il reprit sa perche et dirigea sans un mot son embarcation vers le centre du lac, vers l’îlot, vers la fin du voyage. Sandra assise au fond de la barque pleurait. Elle pleurait sa vie passée, son amour à jamais perdu et ses amis qu’elle ne reverrait plus. Elle ne se rendit pas compte du temps que dura la traversé mais quand la barque toucha les galets de l’îlot, elle se leva, droite mais aussi frêle que les roseaux. Plus aucune larme ne coulait de ses yeux lorsque qu’elle mis pied à terre. Le vieil homme fit faire demi-tour à son embarcation et s’éloigna dans l’obscurité mais déjà Sandra ne lui prêtait plus attention. Elle fit un pas, puis un autre remontant la pente douce de l’îlot jusqu’à ce qu’elle aperçoive une silhouette sombre se découpant sur la lune. Elle avait atteint le sommet de l’île qui s’élevait à plus de deux cents mètres de la surface du lac. La silhouette était celle d’une femme d’une grande beauté. Vêtue de noir elle aussi, elle ressemblait tant à Sandra qu’on aurait pu les confondre dans la pénombre.
Lentement, une brume épaisse entoura l’îlot de sorte que seul la pointe où se tenait face à face les deux femmes resta dégagée. Sandra regardait sa mère pour la première fois.
- Approche mon enfant, murmura cette dernière.
Sa fille s’approcha, elle lui caressa la joue. « Que tu es belle ! » furent les seules paroles qu’elle ajouta. Puis elle la prit par la main et la conduisit jusqu’au rebord de l’apique. Sandra se défit alors de sa cape et dégrafa sa robe qui tomba à ses pieds la laissant nue au prise avec le vent glacé qui soulevait ses cheveux de jais. Sa mère lui passa une amulette autour du cou. Une simple perle d’un bleu aussi sombre que la nuit. Puis Sandra écarta les bras et se laissa basculer dans le vide. Pas un cri ne sortit de ses lèvres lorsqu’elle s’enfonça dans le brouillard et disparut.

Au même instant dans la petite auberge du bourg d’Aralia, le jeune homme qui s’appelait Eric s’éveilla en sursaut. La moitié du lit ou avait dormi son aimée était vide. Un long hurlement sortit de sa gorge. Un cri de rage et de désespoir tel qu’un humain ne pousse que lorsque qu’il sent le vide sous lui et le sol s’approcher amenant sa mort. Non, hurla-t-il et son cri fut si long et si puissant que toute l’auberge fut bientôt éveillé à son tour. Un colosse hirsute déboula dans la chambre brandissant une hallebarde démesurée. Il s’immobilisa brusquement sur le pas de la porte. Il avait compris l’origine du cri en voyant le lit vide. Son arme lui échappa des mains et une larme coula de son oeil unique.
Eric était resté hagard. Assis la tête entre les mains, il ne faisait aucun mouvement, incapable même de pleurer. Le géant s’approcha de lui et posa sa grosse main calleuse sur son épaule.
- Hé, appela-t-il doucement, Eric. Écoute moi. Tu ne pouvais rien faire. C’était son destin.
Le jeune homme ne répondit pas tout de suite, mais lentement il se leva.
- J’ai besoin d’être seul Karlos. S’il te plait.
- Pas de problème mais ne fais pas de bêtise je t’en prie.
- Ne t’inquiète pas. Je sais qu’elle n’est pas morte. Je n’aurai de repos qu’après l’avoir revu.
Le géant Karlos sortit de la chambre et ferma la porte. Il trouva dans le couloir le reste de ses compagnons. Sarah la rouge, pyromancienne et compagne de Karlos se tenait entre le gnome Harakaras et l’elfe Iraldis.
- Comment va-t-il ? demanda-t-elle.
- Mal, répondit son époux. Je crains que ça raison ne soit atteinte. Il est convaincu que Sandra vit encore.
- Non, son esprit est intact, dit Iraldis. Notre amie n’est pas réellement morte. Mais elle ne vit plus sur le même plan d’existence que nous. Cette nuit elle a rejoint les esprits du lac.
- Mais pourquoi, je me le demande, dit Harakaras. Ce sacrifice est une aberration.
Il envoya un coup de pied contre le mur ne réussissant qu’à renforcer sa colère par la douleur.
- Je comprend ta rage, fit l’elfe en se tournant vers lui. Mais on y peut rien. Ça devait être fait.
- Et bien moi je dit non ! Non ! Non et non ! Pourquoi causer tant de peine à celui qu’elle aimait ?
- Je ne suis pas d’humeur à te rappeler la doctrine de Kana ce matin, dit l’elfe avant de retourner vers sa chambre.
Tous l’imitèrent bientôt.
- Quand même, ajouta Karlos en enfilant son armure de cuire, j’espère qu’il ne fera pas de bêtise.
- C’est à lui de décider de son destin, répondit Sarah. Il peut disposer de sa vie comme il l’entend.
- Tu ne me réconfortes pas vraiment.
Sa compagne n’ajouta rien mais des larmes s’échappèrent de ses yeux.
Peu de temps après, Eric avait quitté le bourg. Il marcha longtemps. Au hasard, pensait-il mais ses pas le ramenait inexorablement vers le lac. Toutefois marcher lui permettait de faire le point sur la situation. Non, il ne pouvait accepter ce sacrifice qu’il ne comprenait pas ou plutôt ne voulait pas comprendre. Si il pouvait disposer à sa guise de son destin et de sa vie comme il avait entendu Sarah le dire en passant devant sa chambre pourquoi Sandra elle ne l’avait pas pu ? Quant à la doctrine de la déesse Kana, il n’y croyait que parce qu’il avait vu de ses yeux les prêtres user des pouvoir qu’elle leur conférait. C’était bien peu. Une petite voix dans son esprit lui murmurait que n’importe quel mage ou sorcière pouvait en faire autant. Il suffisait de voir Sarah. Ses pouvoirs de manipulation des flammes n’avaient rien de divin. Pourtant, Sandra, elle, y avait cru jusqu’au bout pas une fois il ne l’avais vu douter.
Soudain, Eric s’extirpa de ses pensées. Il était parvenu jusqu’à la rive du lac et se tenait exactement à l’endroit ou Sandra était montée dans la barque du vieux passeur la veille. L’eau était toujours aussi immobile bien que le vent n’eut que redoubler de violence. Les cheveux d’Eric, brun et long étaient secoués en tout sens par le rafale et sa cape, elle aussi, était violemment rejetée en arrière. Mais il resta là, laissant le souffle glacé lui fouetter le visage, à fixer l’îlot gris qui déchirait le ciel de l’Aube comme une balafre sur un visage souriant.
Soudain, il sentit une présence derrière lui et se retourna violemment portant la main à son épée qui pendait de son ceinturon. Il y avait là un vieillard. Courbé en deux sous le poids des ans, il s’appuyait sur un long bâton. On ne voyait que le bout de sa barbe dépasser de sous son capuchon d’un brun sale et délavé par les intempéries.
- Laissez-moi je vous prie, lui dit-il sans même un salut.
- Les jeunes ignorent-ils à se point la politesse ? demanda l’autre notant le ton rude d’Eric. Je ne vous veux aucun mal. Je m’interroge seulement sur votre présence au bord de ce lac sacrée si tôt le matin par ce froid.
- Je voulais être seul. Partez je vous prie. Je souhaite pas de compagnie aujourd’hui.
- Oh non. Je suis là et j’y reste. Ce lieu n’est pas à vous.
- Pas plus qu’il n’est à vous. S’il vous plaît, partez.
- Votre âme saigne n’est-ce pas ? Vous pleurez un être aimé.
Eric ne put répondre. Ses yeux s’emplirent à nouveau de larmes. Les souvenirs des moments passés avec Sandra l’assaillir brusquement. Leur premier baisé, leur rencontre, les épreuves qu’ils avaient traversés main dans la main. Ce fut comme un coup de masse qu’il aurait prit sur la tête. Tout ce qu’il était parvenu à contenir dans son silence jusqu’ici, l'assaillit aux paroles du vieillard. Comme s’il n’avait pas voulu s’avouer qu’il souffrait jusqu’à ce que cet inconnu ne lui impose cette évidence : il avait mal. Au plus profond de son âme, il souffrait le martyr. Sans plus s’occuper du vieille homme, il se dirigea vers un rocher, s’assit dos à la pierre glacé et enfoui sa tête entre ses genoux pour pleurer. Lentement, les larmes semblèrent emporter avec elles une partie de sa souffrance. L’autre n’avait toujours pas bougé. Debout aussi immobile qu’une statue, il fixait l’eau d’un regard absent comme s’il était plongé dans ses pensées. Puis soudain il parut se réveiller. Il vint s’asseoir à coté d’Eric et posa sa main sur l’épaule du jeune homme.
- Allons. Calmez-vous. Racontez-moi votre histoire. Je ne pourrais pas remédier à la cause de votre malheur mais peut-être que me la conter pourrait adoucir votre peine.
Eric le regarda éberlué. S’ouvrir à cette inconnu ? Non, il ne voulait même pas parler à Karlos qui était presque un père pour lui. Non. Impensable et pourtant oui. Oui, il avait besoin de s’ouvrir, de déverser la souffrance qui accablait son âme vers quelqu’un. Mais pas vers un homme dont il ne savait rien et dont il ne voyait même pas le visage. Et d’ailleurs, pourquoi voulait-il savoir ? Il ne l’avait jamais rencontré. Pourquoi cet intérêt pour une chose qui ne le concernait en rien et qu’il ne pourrait sûrement même pas comprendre ?
- Mais qui êtes-vous, demanda-t-il lorsqu’il eut reprit la maîtrise de ses pensées.
- Moi ? répondit le vieillard comme si la question l’intriguait. Mais je ne suis personne, personne si ce n’est quelqu’un que votre malheur a touché même si je n’en connais pas la cause. Allons. Ne voulez-vous pas parler ?
Et Eric parla. Il ne put s’en empêcher. Il ne savait pas pourquoi il faisait confiance à cette homme. Mais il n’avait plus besoin de raison : il devait parler.


[Texte incomplet. Je posterai la suite petit à petit. Attends des commentaires par Mp]
Revenir en haut Aller en bas
Mithos
Officier Rebel
Officier Rebel
Mithos


Nombre de messages : 22
Date d'inscription : 02/10/2007

La rue des conteurs Empty
MessageSujet: Re: La rue des conteurs   La rue des conteurs Icon_minitimeMer 10 Oct - 21:07

***

Tout ça à commencé il y a un ans, dit-il. J’étais écuyer d’un chevalier-gardien du temple de Kana de Rougebois. Je partageais ma vie entre le service de mon maître et l’entraînement aux armes. Mon maître le chevalier Marcus de Lorran n’avait que peu de temps à me consacrer. C’est pour cela qu’il avait confié mon entraînement un ancien soldat en retraite Karlos qui avait été son compagnon d’arme et qui vivait dans l’enceinte du temple avec sa femme un pyromancienne nommée Sarah. Le matin j’assistais à l’office puis aidait mon maître à s’équiper pour son service. Je me demande encore comment il tenait toute la journée devant les portes du temples dans cette armure d’apparat, elle devait peser dans les cinquante kilos. Pendant ce temps, je faisais mes corvées puis je rejoignait Karlos. Il m’apprenait tout ce qu’il y a à savoir pour combattre mais plus que ça. Lui et sa compagne Sarah me racontait leurs voyages à travers Eternitia et il en avait vu beaucoup au court de leurs périples. Riche de cette expériences, je vivais si ce n’est heureux au moins tranquille et serein. Ils étaient comme mes parents sur lesquels d’ailleurs je ne savais rien. Karlos et Maître Marcus se connaissaient bien. Ils avaient servit ensemble pendant de longues années dans la garde de je ne sais plus quelle ville avant que mon Maître ne soit adoubé par l’ordre de Lora. Le vieux soldat était comme mon père je disais ou plutôt mon mentor. C’était et c’est toujours quelqu’un de bien, de droit et de juste. Il a perdu un oeil au combat mais il sait voir la vérité au fond des coeurs. Sa femme est aussi une personne de bien. Mais elle est plus vive et peut-être moins butée que son mari

***

Eric sourit en se remémorant cette époque où tout était si simple. Il allait devenir chevalier-gardien du temple, vivre simplement dans la demeure que son maître ne manquerait sûrement pas de lui laisser. Il prendrait un écuyer qu’il formerait lui-même si ça charge le lui permettait. Mais rien ne s’était passé ainsi.

***

J’en était arrivé à ce point que je ne croyait plus que rien ne pouvait changé, poursuivit-il. Mais il n’en fut rien. Il y a un an, le mois de septembre était aussi froid et venteux qu’aujourd’hui, j’ai rencontré celle qui allait provoquer un ouragan dans ma petite vie tranquille.
Un matin, mon maître me réveilla presque deux heures plus tôt qu’à l’accoutumé. Il était déjà vêtu de son armure, ce qui m’étonna car il ne l’avait jamais mis sans mon aide depuis plusieurs années. Il m’ordonna de m’habiller et de le suivre ce que je fit machinalement car j’étais encore un peu endormi. Nous nous rendîmes au temple. C’est une bâtisse magnifique. Tout en hauteur, elle est surmontée de deux tours aux sommets aussi aigus qu’une lance. Sur ses flancs sont taillées des gargouilles noir au ailes repliées et au bec menaçant. On y pénètre par une arche à la voûte pointue. L’intérieur est écrasant d’immensité. On a beau levé les yeux, notre regard semble se perdre dans un ciel de marbre. La salle est décorée de gravure représentant les scènes des Doctrines de Kana. Au fond, sous une coupole de verre. se trouve l’autel, derrière lequel une statue, telle une incarnation de la déesse, semble veiller sur l’assistance. C’est la que le prêtre se tient pour prononcer ses sermons.
Ce jour là, il y avait un monde fou. Mon maître, à cause de sa fonction, put m’emmener jusqu’au premier rang. Le prêtre était là, immobile et silencieux. Toute l’assemblée semblait en attente. Je n’osait pas interroger Sire Marcus, mais au fond de moi j’étais aussi intrigué qu’il est possible de l’être.
Je peux dire, que je suis rester intrigué longtemps. Pendant près d’une heure, il ne se passa rien. Je me retenais de toutes mes forces pour ne pas montrer de signe d’impatience, ce qui n’aurait pas manqué de fâcher mon maître. Puis finalement de l’agitation parcouru l’assistance. De la où j’étais, je ne pu pas bien voir mais trois personnes remontaient l’allée centrale. Un gnome, un elfe et une jeune fille. Je ne parvint pas à les apercevoir distinctement avant que la fille ne s’agenouille en prière devant l’autel. Ses cheveux étaient aussi noirs que la nuit. Sa robe bleue et fine laissait deviner des courbes magnifiques. Mais c’est tout ce que je pu voir. Le gnome était comme tout les gnomes : petit et trapu avec un visage rougeau et un air renfrogné. L’elfe transpirait la beauté et l’élégance. C’est très troublant de voir un elfe. Aussi jeune et frais en apparence qu’une enfant mais l’on devine dans son regard une force et une sagesse propre aux anciens.
Le prêtre prit soudain la parole :
- Mes fils, mes filles, disciples de Kana la Protectrice, je vais vous contez l’histoire d’Eranora, la Dame de l’Eau. Il fut un temps, où le monde n’était que vide. Puis vinrent les Puissances. Elles créèrent le monde et lui donnèrent sa forme. Puis elles s’y installèrent. Leur travail donna naissance aux premiers être vivant, hommes, elfes, gnomes et Dannaras prirent lentement leurs places. Parmi les hommes, vint au monde une enfant dont la beauté devint vite légendaire. La déesse la remarqua et l’appela à elle. Touchée par la grâce de la divinité, l’enfant prit le nom d’Eranora qui signifie « beauté fidèle » en elfique. Elle parcouru le monde et partout ou elle allait, les fleurs s’ouvraient et libérait leurs parfums. Avec elle marchait le printemps et là ou elle n’était plus l’automne avançait. Un jour, elle atteignit un lac qui aujourd’hui est connu sous le nom d’Aria, passage en elfique. Elle fut alors témoin d’un miracle : de la surface claire et uniforme, jaillit un roc qui tel une épée venue d’un autre monde avait percé le lac en son centre. Intriguée mais non effrayée, car la peur ne l’avait jamais touché, Eranora entre dans l’eau et nagea vers cet îlot sorti du néant. Mais l’eau elle-même semblait vouloir l’empêcher d’atteindre son but. Elle était lourde contre son corps mais l’enfant s’entêta. L’élément lui arracha ses vêtements et c’est nue qu’elle atteignit finalement l’île. Elle gravit la pente et lorsqu’elle parvint au sommet, une unique fleur s’ouvrit déployant ses pétales et répandant une douce et agréable odeur. Mais le vent se leva balayant le parfum. Il fut d’une tel violence qu’Eranora dut se planquer contre le sol de roche pour ne pas s’envoler. Lorsque la tourmente fut calmée, la fleur était arrachée et à sa place se trouvait un pendentif orné d’une simple pierre bleu nuit.
Alors qu’elle se penchait pour la ramasser une voix féminin se fit entendre :
- Prend garde, Eranora dit la voix, si tu touche ce bijoux, tu seras à jamais liée à moi. Tu me devras ta vie et en échange je t’offrirai l’éternité à mes cotés.
La jeune fille se retourna. Une femme se trouvait derrière elle. Si belle, qu’elle en fut troublée. Mais elle comprit. La déesse lui apparaissait. Elle n’hésita pas et s’empara de l’amulette. Elle sombra alors dans l’inconscience et bascula de la falaise pour disparaître dans les brumes entourant l’îlot.
Le prêtre s’interrompit et resta un moment silencieux. Puis il reprit :
- Cette histoire est un résumé d’un texte de plusieurs dizaine de page figurant dans les doctrines de Kana. Eranora devint une servante de la déesse et la rejoignit sur son plan d’existence. Depuis ce jour, chaque génération voit la naissance d’une enfant qui partira rejoindre Kana. La dernière en date fut Marina de Lestai et aujourd’hui, sa fille entreprend le même voyage. La voici parmi nous : Sandra, la nouvelle élue de Kana.
Le prêtre se tourna vers la fille toujours en prière qui se releva à ce moment et se tourna vers l’assistance qui avait pris une attitude de profond respect. Chacun inclinant la tête n’osant pas croisé son regard. Mais pour ma part, j’en fut incapable. Ces yeux me capturèrent. Jamais je n’en avais vu d’aussi claire, d’aussi profond. J’y vit l’océan. J’y vit le ciel. Et je me perdit dans cette immensité. Je ne vit pas tout de suite son visage souriant et ses lèvres fines. Mon regard se perdit dans le sien. Et elle me vit. Je cru défaillir mais cela passa. Avec regret, je la vis repartir et disparaître dans l’allé central que la foule me masquait. Je restai pétrifier. Bien après que les gens se soient retiré, j’étais toujours sur place. Mon maître ne m’appela que lorsqu’il atteignit la porte. Ce fut comme un coup de sifflet qui me tira de mon immobilité et rouge de honte, je le rejoignit.
Revenir en haut Aller en bas
Mithos
Officier Rebel
Officier Rebel
Mithos


Nombre de messages : 22
Date d'inscription : 02/10/2007

La rue des conteurs Empty
MessageSujet: Re: La rue des conteurs   La rue des conteurs Icon_minitimeJeu 11 Oct - 13:27

***

Eric fit une nouvelle pause. Ses yeux s’étaient à nouveau emplis de larmes à l’évocation de cette première rencontre avec Sandra. Il ressentait à nouveau ce sentiment intense et douloureux qu’il n’avait pas compris immédiatement ne l’ayant jamais connu. Mais à nouveau, comme la nuit qui avait suivit ce jour qu’il venait de conter, il se sentit seul. Immensément et irrémédiablement seul. Il reprit cependant son récit.

***

Je passais le reste du jour hanté par cette apparition. L’histoire du prêtre m’était complètement sortie de la tête. Je ne pensais qu’à elle. Le désir de la revoir ne me quitta pas. Puis le soir vint. Je gagnait ma chambre sans manger et me mis au lit. Je ne me rappel plus très bien si je parvins à dormir ou non mais je sais qu’elle occupa mes pensées toute la nuit.
Au matin, je me retrouvais dans mon lit sans me rappeler ce qui m’avait tant troublé la veille. Ce ne fut qu’après m’être levé et avoir rejoins les cuisines pour porter le déjeuner de mon maître que le souvenir de Sandra resurgit. Je faillis lâcher le plateau quand une foule d’émotions diverses et incompréhensible pour mon esprit torturé m’envahit. Les répercutions étaient presque physique. Je parvins tant bien que mal à porter son déjeuner à mon maître mais celui-ci repéra mon trouble.
- Es-tu souffrant ce matin ? me demanda-t-il. Ce serait dommage.
Il eut un sourire que je ne compris pas. Mais il ne fit aucun autre commentaire et je n’osai pas lui poser de questions à ce propos.
Une peu plus tard, je retrouvai Karlos dans la cour du temple. Il semblait de fort bonne humeur comme chaque jour. Lui aussi remarqua que je n’étais dans un état reluisant mais il s’abstint de faire des commentaires. L’entraînement commença. Je me montrai particulièrement gauche. A un moment, Karlos me fit tout arrêter et me renvoya prétextant que j’étais si désespéramment maladroit que je finirais par me blesser.
.Je regagnai ma chambre la tête vide et m’écroulai sur le lit incapable de réfléchir. Le visage de Sandra m’emplissait l’esprit. Mais je n’arrivais pas à déterminer si c’était un souvenir heureux ou malheureux. Enfin, disons plutôt qu’il me procurait à la fois plaisir et souffrance. Je m’y accrochait de toutes mes forces tout en voulant le faire disparaître tout au fond de ma mémoire et pouvoir ne plus y penser.
Je parus au repas du soir bien malheureux. Mon Maître et Karlos ne cessait de se jeter des regard en coin le sourire au lèvres. Cela m’énerva car j’étais convaincu qu’ils se moquaient de mon état. Mais peut-être étais-je vraiment ridicule.
Je dormis mal cette nuit là. J’étais hanté par des cauchemars dont le souvenir s’effaçait immédiatement au réveil mais pas la peur qu’ils m’avaient inspirés. Le plus étrange, c’est qu’au matin je me rappelais avoir été mal le jour précédent mais je n’arrivais pas à me souvenir pourquoi. J’entamai donc la journée normalement. Je me rendis à la chambre de mon maître pour l’éveiller mais il n’étais pas dans son lit et son armure manquait. Il ne m’avait pourtant pas prévenu qu’il sortait tôt. Je me rendis donc aux cuisines où je mangeai un peu. Là on m’appris que mon maître était parti pour Rougebois dont le temple dépendait. Il n’avait pas dis pourquoi mais Karlos était parti avec lui et ils avaient laissés des instructions pour moi. Je devais les attendre dans la cour à la troisième heure après l’aube. C’est ce que je fis, en profitant pour remettre un peu d’ordre dans les râteliers d’entraînements qui étaient encombrés d’armes en tout genre certaines même brisées ou ébréchées. La troisième heure passa. Ils ne vinrent pas et je du attendre. Un bruit de cheval passant hors de l’enceinte me fit sursauter mais ce n’était pas eux.
Finalement, je du patienter une demi heure avant de voir Sir Marcus et Karlos revenir.
- Selle ton cheval me dit-on et vient avec nous. On t’attend à Rougebois.
Je m’exécutai plus intrigué qu’inquiet. Nous prîmes la route. J’avais l’habitude de ne pas poser de question, je m’en abstint donc. Toutefois, je pressentais que cette « balade » n’était pas aussi banal qu’elle aurait pu paraître.
La route entre le temple de Kana et la ville n’est longue que d’un kilomètre et demi et à peine sortit de l’enceinte, on aperçoit déjà la barricade et les toits de la petite cité. Le plateau de Rougebois est situé à l’ouest du massif de Lora. Sur la droite de la route, le bois des pins rouges d’ou tire son nom l’endroit projette une ombre inquiétante sur les voyageurs mais les natifs de la région tel que moi sont habitué à vivre à l’orée de cette épaisse forêt. Gagner la palissade ne pris pas longtemps. Les soldats qui gardaient la porte saluèrent Sir Marcus. Il était connu et respecter dans le bourg. Nous progressâmes lentement dans l’activité grouillante du lieu. Des conducteurs de charrette ne cessait de s’apostropher et de se disputer pour passer les premiers tel ou tel intersection. Les marchands commençaient eux aussi à envahir les rues. Et c’est au milieu de cet agitation grandissante que me revint en mémoire les raisons de mon malheur de la veille. Cependant, le souvenir de Sandra ne fut pas douloureux cette fois ci. Je m’étais peut-être résigner à classer cette apparition comme une heureuse mais éphémère rencontre.
Mon maître nous conduisit vers le centre de la ville. Là, il nous fit entrer dans une auberge. De plus en plus intrigué, je suivis le mouvement et confiai nos chevaux au garçon d’écurie avant d’entrer à mon tour dans la salle commune. Karlos était déjà en grande conversation avec un gnome dont le visage m’était familier mais je ne pus me rappeler ou je l’avais vu.

***

Eric s’interrompit. Il se tourna vers le vieillard qui l’écoutait toujours d’une oreille attentive mais qui ne cherchait jamais à obtenir autre chose que ce que le jeune homme voulait bien lui confier. Eric eut un maigre sourire.

***

Quand je me remémore cette époque, expliqua-t-il. Je me trouve vraiment bête. Ce gnome était bien sur Harakaras, le suivant et garde du corps de Sandra. Mais je ne le reconnu que quand on me le présenta. J’étais un peu dépassé par les événements je dois bien l’avouer. Je ne comprenait rien à la raison de ma présence dans cette auberge mais une seule chose m’importait alors. J’allais revoir Sandra et du coup, je me sentis de nouveau tiraillé entre bonheur et souffrance. De plus, une sorte de malaise me nouait l’estomac et donnait le vertige. L’amour a toujours eu sur moi des effets bizarres.
Eric éclata de rire à cette remarque. Avec le recule, il parvenait à cerner les émotions qui l’avaient submergé. Chose qu’il avait été incapable de faire pendant longtemps un ans plus tôt.
Revenir en haut Aller en bas
Mithos
Officier Rebel
Officier Rebel
Mithos


Nombre de messages : 22
Date d'inscription : 02/10/2007

La rue des conteurs Empty
MessageSujet: Re: La rue des conteurs   La rue des conteurs Icon_minitimeVen 12 Oct - 12:55

***

Le gnome semblait un peu perplexe en me voyant, reprit le jeune homme. Il parla à mon maître comme si je n’étais pas là ou trop arriéré pour comprendre qu’on parlait de moi. J’avais entendu des rumeurs sur la franchise des gnomes mais je l’expérimentai à mes frais.
- C’est ce freluquet que vous nous proposez Sir Marcus ? demanda-t-il. Il a l’air faible et naïf. On le vois rien qu’à sa façon de se tenir debout.
- N’ayez crainte, répondit l’intéressé. Son air pataud n’est du qu’à l’étonnement de vous rencontrer. Je ne l’ai pas encore averti de la raison de sa présence ici.
- Tant mieux car je refuse de le prendre avec moi, dit l’autre. Il ne serait qu’un boulet pour nous. J’ai besoin de guerriers pour la protéger pas de guignols.
Je ne suis pas quelqu'un de fier par nature. Aussi je reçus l’insulte sans broncher. De toute façon, le code de la chevalerie m’interdisait de répondre à cause de mon rang d’écuyer. Mon maître s’en chargea pour moi :
- Il vous sera utile j’en suis certain. De plus, mon amis Karlos qui l’a formé aux armes viendra lui aussi. Puis-je lui expliquer de quoi il retourne maintenant ?
Le gnome acquiesça l’air résigner et mon maître m’attira à l’écart. Il me fit assoire à une petite table et prit place en face de moi. Toujours aussi intrigué, je parvint à tenir ma langue. Les explications venaient. Inutile de m’attirer des ennuis en posant des questions. Une servante de l’auberge vint prendre notre commande. Sir Marcus demanda un pichet de vin pour lui et un verre d’eau pour moi.
Puis il commença enfin à parler :
- Eric, dit-il, le gnome que tu vient de rencontrer, se nomme Harakaras.
A ce moment, je me souvins l’avoir vu au temple en compagnie de Sandra et de l’elfe. Mes idées noires m’envahir de nouveau et je ne parvins plus à fixer mon attention sur Sir Marcus. Celui-ci ne l’entendait pas de cette oreille. D’un violent coup de son gantelet sur la table, il me ramena à la réalité.
- Il est le garde du corps de Dame Sandra, l’élue de Kana qui doit entreprendre aujourd’hui son pèlerinage vers le lac sacré de la déesse, continua-t-il Tu vas les accompagné. Karlos et sa femme Sarah partent eux aussi. Ils ont besoin de toi pour assurer la protection de l’élue jusqu’à destination. Les danger seront nombreux au long de ce chemin. Mais si tu réussi, ton entrée dans l’ordre de Loran te sera garantie.
Je le regardait incrédule, hésitant à poser les questions qui me montaient à la bouche et à exprimer mes doutes tout aussi nombreux. Je n’avais jamais quitter le plateau de Rougebois. Ni même imaginer le faire.
- Garde tes questions, ordonna mon maître. J’ai toute confiance en tes compétences. Marche les yeux ouverts et ne te laisse pas troubler par un jolie visage, ajouta-t-il avec un sourire.
Mon maître semblait avoir mieux compris que moi les émotions qui me submergeait depuis deux jours. Et cela me frustra mais ne m’aida pas.
- Eric, insista-t-il redevenu sérieux. Prend garde à ce que tu ressens. Cela ne peux que te trahir. De plus, l’élue est hors de ton atteinte. Elle pars pour un voyage au bout du quel tu ne pourras pas la suivre. Tu as compris.
Je fit signe que oui complètement dépassé par les événements qui s’enchaînaient trop brusquement pour moi, je du me résigner à ce périple dont je ne savais rien. Mais la grosse boule qui m’obstruait la gorge ne s’estompa pas pour autant et je n’arrivais pas à déterminer si elle était du à ma peur du voyage ou à l’appréhension mêlée de désir de le faire en compagnie de Sandra. Le vin arriva alors que nous nous levions. Mon maître finit pas se rassoire m’envoyant rejoindre Karlos qui m’attendait au pied de l’escalier menant aux chambres. Celui-ci m’attrapa par l’épaule et me sourit.
- Voilà ta chance, dit-il. Je suis certain que tu sera chevalier à ton retour. Je ferai tout pour t’y aider.
Je le remerciai mais mes perspectives de carrière me semblaient encore très lointaines. Avant, il faudrait affronter l’inconnu.
Karlos me mena à l’étage. Il disait devoir faire les présentations. Il frappa à une porte qu’on vint ouvrir. Le gnome Harakaras s’écarta pour nous laisser passer, grommelant je ne sais quoi à propos d’un voyage qui s’annonçait bien. Assise sur une chaise prêt de la fenêtre, la compagne de Karlos, Sarah la Rouge, lisait un livre, elle ne fit pas attention à nous. Elle nous avait vu mais c’était dans ses habitudes de ne saluer personne.
- Voici le prêtre Iraldis, fit Karlos en désignant l’elfe allongé sur le lit les bras croisé derrière la tête qui m’adressa un signe de tête.
Je répondit en m’inclinant légèrement. Puis j'aperçus Sandra. De nouveau je restai pétrifier sur place en la voyant. J’imagine que je devais avoir l’air grotesque mais sur le moment, je ne posai même pas la question. Soudain, Karlos m’écrasa le pied. Sandra qui était assise sur le bureau vraisemblablement plongé dans ces pensées venait de lever la tête pour nous regarder. Mon mentor la salua avec un profond respect et je l’imitait maladroitement. L’élue éclata de rire et sauta du bureau avec désinvolture.
- Allons vous deux relevez la tête, dit-elle. Vous êtes ridicules.
Je me redressai rougissant et elle rit de plus belle ce qui eu pour effet de m’énerver prodigieusement. Je pouvais supporter les brimades de mon Maître ou les moqueries de Karlos et même le mépris du gnome, mais voir cette fille rire de moi me mis en furie. Heureusement pour moi, je savais aussi me contenir.
Karlos se chargea de me présenter :
- Voici Eric, écuyer de l’ordre de Loran. Son maître Marcus tient à ce qu’il nous accompagne.
Sandra se tourna vers l’elfe qui approuva d’un nouveau signe de tête. Elle semblait avoir mon age ou presque et nous étions à peu près de la même taille.
- Et bien c’est entendu, dit-elle. Bienvenu parmi nous Eric
.Puis Iraldis se leva et parla à son tour d’une voix profonde et mélodieuse :
- Retrouvons-nous dans une heure au temple, dit-il. Nous vous rejoindront là-bas. Notre première destination est l’autel sacré du Bois du Mélèze. A tout à l’heure.
Je repartis avec Karlos et Sarah. Sir Marcus fit le chemin jusqu’au temple avec nous puis, après m’avoir souhaité bonne chance, s’en alla prendre son service. Karlos et sa compagne s’occupèrent de préparer les vivres et le matériel nécessaires au voyage. Quant à moi je gagnai la cour. Karlos m’avait dit de choisir une arme sur les râteliers et de l’emporter elle et rien d’autre. Je choisit une épée bâtard. Une lame juste assez courte pour être magnée à un main mais dont la poignée était assez longue pour la brandir à deux mains si j’avais besoin de frapper plus fort. En fixant le fourreau à mon ceinturon, je me sentit immédiatement plus sur de moi. Porter une arme me procurai toujours un sentiment de sécurité. Je me rendis ensuite à ma chambre et choisit une cape noire à capuche. Elle me serait utile contre les intempéries et Karlos ne verrait pas d’objection à ce que je l’emporte.
Je gagnai la porte. On m’attendait déjà. Bientôt, le groupe de l’élue nous rejoignit et nous partîmes. A pied. L’élue devait accomplir son pèlerinage sur ses jambes m’expliqua-t-on. Peut-être aurais-je du emporter un exemplaire des doctrines de Kana également. Enfin, nous avions un prêtre avec nous. Il consentirai sûrement à m’en parler.
Nous marchâmes vers le nord. Là, avant de gagner le col de Bircan, la route traverse les bois des pins rouges. Elle est large et pavé mais couverte d’un tapis d’épine sèche qui craque sous chaque pas. Nous restions tous silencieux, tête baissé. Enfin, disons plutôt tous sauf moi. Je n’arrêtais pas de jeter des coups d’oeil à Sandra qui marchait devant moi, entre Harakaras et Iraldis. Elle était vraiment magnifique et sa robe légère laissait deviner un corps encore plus sublime.

***

Eric sourit de nouveau à ce souvenir. Il ressentait de nouveau ce bonheur timide qui l’avait occupé toute cette journée de marche en compagnie de l’élue. Le vieillard souriait lui aussi. Comme s’il était habité par les mêmes sentiments qu’Eric par empathie. Le jeune homme hésita à poursuivre son récit. Mais il l’avait déjà bien entamé et continua donc.

***

Nous portions tous des armes sauf Sandra. Karlos marchait en s’appuyant sur une hallebarde gigantesque, Sarah avait un long et fin poignard passé dans sa ceinture et tenait également son bâton de magicienne. Harakaras portait une hache à large lame sur son épaule et Iraldis emmenait un arc et des flèches ainsi qu’une épée courte. Tout un attirail de guerre, mais il était plus dissuasif qu’autre chose. Nous étions trop peu pour résister à un assaut déterminé. Cependant, je me demandais qui attaquerait le groupe de l’élue.
J’en étais à ces considérations quand nous sortîmes des bois. Devant nous, le col de Bircan se dressait imposant. On voyait la route disparaître sous les épineux qui poussaient sur ce versant puis réapparaître trois ou quatre cent mètres au dessus, là où les arbres se faisaient moins nombreux. Nous fîmes un pause avant d’entreprendre l’ascension. Je posai mon paquetage au sol et m’étirai. Midi était passé et je commençais à avoir faim. Je n’avais encore rien mangé de la journée et mon estomac me le rappelait vivement. Ce que j’eus pour repas ou plutôt collation de midi n’apaisa pas mon appétit au contraire. Mais un nouvelle fois, je me tus. On pourrait croire que mon stoïcisme était du courage. En fait, c’était le contraire. J’avais toujours peur de me faire réprimander si j’ouvrais la bouche au mauvais moment.
Et le voyage reprit. Karlos entra en grande conversation avec le gnome. On aurait dit deux vieux camarades discutant de leurs anciennes campagnes militaires. Les considérations sur les batailles dont j’avais déjà entendue le nom m’intéressait au plus au point. Notamment, celle qui était nommée la bataille du champ au vampire. Karlos et Harakaras semblaient y avoir participé tout deux. Chacun dans le régiment dépêché par leurs races respectives. D’après ce que je compris, cette bataille avait provoquée la Chute du clan vampire Von Hardstein. Nombres de héros s’y étaient fait reconnaître. Certains y étaient mort. Je notai brusquement que ni Karlos ni son interlocuteur n’appelaient leurs adversaires d’alors autrement que par le terme : l’Ennemi. Et chaque fois qu’il prononçait ce mot, je sentais un souvenir de peur les envahir. Cela refroidit mon envie d’en apprendre plus sur cette bataille. Quelque chose qui pouvait effrayer mon mentor m’inspirait la plus grande terreur et je ne parvins pas à imaginer ce dont il pouvait bien s’agir.
Je reportai mon attention au chemin tout en prenant garde à ne pas poser mon regard sur Sandra qui conversait doucement avec Iraldis pour ne pas replonger dans la « mélancolie » (c’est ainsi que je désignais le sentiment que je ne parvenais toujours pas à identifier et qu’elle suscitait en moi). Nous avions passé à nouveau sous des arbres et montions rapidement mais régulièrement. La route n’était plus pavée mais restait ferme pour permettre le passage des chariots en provenance des villes de Bircan et Mélésa et ceux qui, au contraire s’y rendaient. Au bout de plusieurs centaines de mètres, la route virait en épingle sur la gauche et reprenait sa monté. Là, nous entendîmes le bruit d’une caravane descendant vers nous. On distinguait le cri des hommes et le grincement des roues des chariots. Nous nous arrêtâmes au bords de la route pour l’attendre et la laisser passer. La voie était large mais pas au point de nous permettre de croiser des chars à boeufs sans prendre de risques inutiles. Bientôt nous aperçûmes le véhicule de tête, tirés par deux animaux massifs et retenu par un troisième pour qu’il ne prenne pas trop vitesse dans la pente, il était remplit de planche venant certainement d’une des scieries qui exploitaient le bois du mélèze. Il nous dépassa et les conducteurs tout affairés à la manoeuvre ne nous prêtèrent même pas attention. Ceux qui escortait les chars suivants firent de même et nous pûmes repartir. Poursuivit encore quelque temps par le vacarme du convoi. Bientôt, le sommet du col fut en vue et nous sortîmes des arbres pour apercevoir la large vallée qui s’étendait au delà. Les villes de Bircan et Mélésa s’étendaient entre nous et notre destination., le bois de mélèzes qui apparaissait vaguement à travers une légère brume qui stagnait encore prêt des arbres tout au fond de la vallée. La montagne l’enserrait de près. Tout ici semblait écrasé par ces versants abruptes couverts de pins. Le soir devait tomber tôt sur Meleza.
La descente fut plus simple que la monté, même si nous croisâmes encore plusieurs convois, la route plus large et moins raide nous permettait de les croiser sans difficulté. Une fois au pied du col, il ne restait que quelques hectomètres de route bordé d’une bande étroite de champs cultivés eux même entourés de chênes avant d’atteindre Bircan. Lorsque nous franchîmes ses portes, l’après midi était cependant bien entamée. Toutefois, nous nous ne arrêtâmes pas. Iraldis avait décrété que nous passerions la nuit à Mélésa et personne ne contesta ce choix. L’impression de tranquillité qui transpirait de la vallée nous mettait en confiance et la nuit tombante (qui vint tôt comme je l’avais imaginé) n’inquiéta personne. Toutefois, mon ventre se mit quand même à gargouiller. J’avais faim même si j’étais habitué à la vie à la dure d’un écuyer, je l’étais moins à la marche le ventre presque vide.
Le soleil avait disparut lorsque nous pénétrâmes dans la ville abritée sous les avancées de la forêt, elle était déjà complètement endormie. Les sentinelles qui veillaient quand même près de la brèche de la palissade ne firent aucune difficulté pour nous laisser passé. Et moins d’une demi heure plus tard, nous avions loués des chambres dans une auberge petite et calme au nord de la ville, le paon endormi.
Le matin venu, je ne me souvins pas tout de suite où j’étais. Mais la mémoire me revint vite lorsque je croisai Harakaras dans le couloir qui me bouscula en maugréant. Le petit déjeuné fut copieux. L’aubergiste semblait savoir qui nous étions et il refusa catégoriquement que nous paillâmes les chambres. Il disait que Kana lui en voudrait pour l’éternité s’il nous les faisait payer. Nous quittâmes la ville par la porte principale entouré d’une foule de curieux venu voir l’élue. Cela me mis très mal à l’aise mais Sandra adressait des saluts de tout coté avec un naturel bluffant. Nous fûmes bientôt débarrassé d’eux car ils n’osèrent pas nous suivre dans les bois. On murmurait dans la vallée que l’autel sacré de Kana était gardé par des créatures surnaturelles. Des esprits ou je ne sais quoi d’autres. Je trouvais cette idée ridicule mais je notai qu’Harakaras et Iraldis étaient nerveux et qu’ils avaient redoublé de vigilance dès que nous avions posé les pied sous les mélèzes. Et effectivement, je ne tardais pas moi même à être envahi par un malaise qui n’avait rien à voir avec la gène que m’avait inspiré la foule à la sortie de Mélésa. L’atmosphère s’était alourdie. Le bruit de mes pas sonnait trop fort à mon goût et la moindre branche dérangée de sa position grinçait lugubrement.
Revenir en haut Aller en bas
Mithos
Officier Rebel
Officier Rebel
Mithos


Nombre de messages : 22
Date d'inscription : 02/10/2007

La rue des conteurs Empty
MessageSujet: Re: La rue des conteurs   La rue des conteurs Icon_minitimeVen 19 Oct - 18:50

***

Eric frémit en se remémorant l’impression que lui avait procuré la forêt. Le vieillard aussi semblait troublé pas ces paroles. Et il montra un intérêt croissant pour tout ce qu’Eric voulut bien lui dire sur le bois du mélèze

***

J’avais l’impression d’être épié, racontait Eric. C’était presque maladif. Personne ne parlait tant nous étions nerveux. Tellement nerveux en fait, que j’avais complètement oublié le pourquoi de ma présence en ce lieu. Seul contait ma progression derrière l’elfe et le gnome qui ouvrait la voie. Ce que je n’avais pas remarqué tout de suite, c’est que Sandra c’était placé à coté de moi. Si j’avais eu tous mes moyen, j’aurai sûrement changé de place tant sa présence me troublait. Mais les bois monopolisaient toute mon attention. Et pourtant, bien qu’ils soient denses, nous n’avions pas énormément de peine à progresser. Après une heure, nous avions parcouru plusieurs kilomètres sans rencontrer d’autres obstacles que notre propre anxiété. Toutefois, j’étais pour ma pars complètement perdu. Seul je ne pense pas que j’aurai pu retrouver la sortie des bois ou du moins pas facilement. Le terrain qui jusqu’ici c’était contenté de monter en pente douce et constante devenait de plus en plus accidenté. De plus, l’elfe nous faisait contourner certain bosquets plus épais et plus sombre que les autres qui semblaient être les sources de nos inquiétudes. Je me demandais quelle genre de créatures pouvait vivre entre ces mélèzes pour que le lieu nous inspire tant d’angoisse.
Soudain, une crevasse s’ouvrit en travers de notre chemin et nous dûmes jouer des pieds et des mains pour la franchir. Et brusquement, alors que je posai le pied sur le versant opposé, je me sentit libéré. La pression s’évapora et le bois me parut presque accueillant. Je vis Sarah me sourire et Karlos éclata d’un rire puissant sans raison apparente. Mais Iraldis se chargea de refroidir l’atmosphère :
- Ne vous réjouissez pas trop vite, dit-il. Ce n’était que la première épreuve. Le teste de la volonté.
Karlos redevint instantanément sérieux.
- On ne nous avait pas parlé d’épreuve, dit-il d’un ton ou sonnait le reproche. Qu’est-ce donc que cette histoire ?
L’elfe ne répondit pas tout de suite, il semblait réfléchir.
- Oui, finit-il par admettre. J’aurais dû vous en parler avant. Mais ce n’est ni le moment ni l’endroit pour vous expliquer cela. Je dirais seulement qu’après la volonté, c’est notre force qui va être testée. Mais je ne sais pas encore comment. Suivez-moi et restez sur vos gardes. Les problèmes vont commencer à partir de maintenant.

Il reprit la tête de notre petit groupe suivit du gnome qui marmonnait encore dans sa barbe et de Sandra qui m’adressa un faible sourire en passant à coté de moi. De nouveau, je mis quelques instants à me remettre et du courir pour rattraper Karlos qui ne m’avait pas attendu.
Le terrain se fit très escarpé et je remarquais très vite que nous nous enfoncions dans un vallon très étroit au centre du quel coulait un ruisseau qui avait surgit sous nos pieds sans qu’on ne puisse comprendre où il disparaissait. Nous le remontâmes sur un ou deux kilomètres sans rien rencontrer d’inquiétant puis soudain, une volé de flèche s’abattit sur nous. Nous nous jetâmes tous à couvert et heureusement personne ne fut touché. Pendant un instant, nous ne vîmes pas qui nous avait ainsi agressé. Puis descendant le vallon apparurent six créatures humanoïdes qui me firent penser à des elfes sauf qu’il n’avait pas de visage. Ils brandissaient des courts sabres et ils avaient passés leurs arcs en bandouillèrent. Sans la moindre provocation ils se jetèrent sur nous.
- Reste avec Eric, dit Iraldis à Sandra avant de se porter à la rencontre des assaillants bientôt imité par Karlos et Harkaras.
Je tirais mon épée du fourreau et attendit. Sandra s’approcha de moi et je fus soudain saisit de l’envie de lui prendre la main. Je me secouai et me retins en voyant le combat qui se déroulait à quelques mètres. Les elfes sans visages maniaient leurs lames avec agilité évitant les coups puis ripostant violemment en une incroyable danse qui laissa Karlos abasourdit et tout juste capable de se défendre. Harakaras aussi semblait dépassé par le style de ses adversaires. En fait, seul Iraldis parvins à garder sa concentration et à riposter maniant son épée courte avec grâce et légèreté. Sarah se rapprocha également de moi.
- Eric, dit-elle d’un ton qui semblait parfaitement calme. Je ne peux rien faire dans ce combat.
Je la regardais sans comprendre.
.- Nous sommes dans une forêt, expliqua-t-elle. Je ne peux pas risquer d’y mettre le feu.
A ce moment là, deux des « sans visages » contournèrent nos trois compagnons et accoururent sabres brandis. Je compris que c'était à moi d’agir. J’avançai tentant de me rappeler toutes mes leçons de combats mais sans succès. Quand le premier coup partit, ce fut par pur réflexe que je le parai. Me servant de la longueur de mon épée, je parvins à tenir mes deux adversaires à distance mais guère plus. Comparé à eux, je me sentais lourd et maladroit. Ils déviaient mes coups avec tant de facilité que je me mettais chaque fois en danger en tentant d’en porter dans des ouvertures qui n’existaient en fait pas. Puis soudain, il y eut comme un déclique dans ma tête et je me laissais aller. Bloquant un coup de justesse, je m’avançai forçant les deux combattants à reculer et à se gêner mutuellement. Puis soudain, ma lame mordit la chair et un des elfes sans visages s’effondra les mains tentant de retenir ses entrailles qui s’échappaient de son ventre. Ce spectacle rompit ma concentration et l’acier mordit la chair de mon épaule gauche. Je trébuchai en voulant reculer alors que mon ennemi se jetai sur moi pour en finir nullement affecté par la mort de son compagnon. Sarah me sauva la vie. Elle s’était glissé derrière mon adversaire et lui planta sa dague dans le corps.
- Pose ta main sur ta blessure et serre fort, m’ordonna-t-elle.
J’écrasai donc mon épaule avec mon autre main et le flux de sang diminua un peu. Elle revint bientôt avec un long foulard qu’elle avait prit dans les paquets que Karlos portaient et avait laissé tombé pour aller se battre. Elle s’en servit pour bander mon épaule. Pendant se temps je jetai un coup d’œil vers le reste de nos assaillants. Grâce à Iraldis, nos compagnons avaient finalement pris le dessus et le dernier « sans visage » tomba bientôt sous leurs coups. Bientôt, il furent tous rassemblé autour de moi tandis que Sarah finissait de serrer le bandage autour de mon épaule.
- La plaie n’était pas trop profonde, dit-elle. Essai de bouger le bras.
Je levais la main et bougeai prudemment. Une douleur lancinante irradia jusqu’à mon poignet mais je serrai les dents en retenant un cri.
- Je pense que ça vas aller, dis-je en prenant la voix la plus assuré que je pouvais.
Harakaras se mit aussitôt à crier contre moi.
- Je savais qu’on aurait pas du t’emmener ! s’énerva-t-il. On est même pas sorti de l’empire humain et tu trouves déjà le moyen de te blesser. Tu ferais tout aussi bien de rentrer chez toi tant qu’il en est temps !
Je baissais la tête honteux. Toujours cette habitude que j’avais de ne jamais me défendre.
- Moi je veux qu’il reste, dit soudain Sandra alors que le silence s’était installé. Il en a tué un avant d’être blessé. Sarah et moi aurions été sans défense sans lui.
Je lui adressai un regard de reconnaissance et pour la première fois, je pus voir son visage sans me sentir mal. Elle avait vraiment de très beau yeux.

***

Eric saisit un caillou et le jeta dans le lac. Il n’y eut aucun bruit mais de longues rides se dispersèrent en cercle sur la surface.

***

Iraldis décréta que nous faisions une pause et personne ne songea à le contredire, reprit-il après un instant. Les corps avaient disparut mais l’elfe ne put ou ne voulut pas nous en parler. Nous nous installâmes au bords du ruisseau. Mon épaule me brûlait mais je ne plaignis pas. Je ne voulais pas donner raison au gnome. Personne ne parla pendant un long moment. Pour ma pars. Je m’étais remis à fixer Sandra. Elle voulait me voir rester et cela me touchait beaucoup plus que je n’aurais pu l’imaginer. Je ne comprenais toujours pas ce qui se passait en moi. Plongé dans un voyage dangereux qui avait déjà faillit me coûter la vie, je ne m’intéressais qu’à une jeune fille. Elle seul occupait mes pensées. Et je me réalisais que j’aurais volontiers donner tout ce que j’avais pour elle. Je serais mort pour elle sans même poser de questions.
Tentant d’être discret, je me rapprochai de Sandra qui était allongée à ma droite. De nouveau, j’avais envie de la toucher, ne serait-ce que sa main. Mais lorsque je me glissais vers elle, elle releva la tête et me sourit. Gêné sans comprendre pourquoi, je détournai la tête et renonçai à m’approcher d’avantage. Mais pourquoi avais-je toujours l’impression de voir de la pitié dans son sourire ? A cette question non plus, je ne pouvais pas trouver de réponse.
Iraldis finit par prendre la parole coupant court à mes réflexions :
- Notre valeur dans les armes vient d’être testé, dit-il. C’est la seul explication que je peux trouver. Je pense que ce sera la fin des épreuves pour nous les protecteurs.
Il se tourna vers Sandra.
- Mais pour toi, élue, je pense qu’il restera une dernière difficulté.
Elle sembla comprendre de quoi il parlait mais pour moi ce fut obscure. Alors que nous repartions, je m‘interrogeais à ce sujet. Peut-être pourrais-je l’aider ? Mais une petite voix me disait que se ne serrait sûrement pas le cas.
La marche ne fut pas longue. Le ravin s’ouvrit soudain et nous nous trouvâmes devant un enchevêtrement de broussailles et de buissons de la taille d’un homme qui semblait former un mur végétal infranchissable.
- Ici, l’élue doit continuer seule, déclara Iraldis. Nous t’attendons ici.
Mais avant de la laisser partir, il l’a prit à part et nous les vîmes discuter un moment à voix basse sans les entendre. Puis Sandra s’avança et disparut entre les broussailles et je ne parvins pas à comprendre par où. Pour moi, il ne semblait y avoir aucun moyen de continuer à travers la végétation.
Iraldis nous conduisit sur une courte distance vers une clairière situé à une centaine de mètres du ruisseau. De grosses souches reposaient sur l’herbe et les aiguilles comme si elles avaient été posées là volontairement pour nous permettre de monter un bivouaque entre elles. L’ombre des arbres était douce et apaisante de sorte que nous fûmes bientôt tous en train de somnoler adossé aux souches. Je laissai mes pensées dériver. La traversé du bois m’avait épuisé tant physiquement que moralement mais j’étais heureux : Sandra voulait que je restes dans avec elle malgré tout ce que Harakaras avait pu dire sur moi. Ce simple faite me remplissait d’une joie tranquille. Que faisait Sandra en ce moment ? Cette question ne voulut plus quitter mes pensées une fois qu’elle y fut entrée. Bientôt la curiosité fut la plus forte et je me levai. Personne ne sembla me remarquer ni même me prêter attention. J’en profitai pour regagner le ruisseau. Je le remontai jusqu’au mur de végétaux. Il en sortait par une sorte d’arche de branche. Je dégrafai ma cape et la pliai entre les racines d’un mélèze. Je ne voulais pas la déchirer en l’accrochant dans un buisson. Puis je me glissai par l’ouverture qui laissai passer l’eau. Il me sembla avoir pénétré dans un tunnel. L’obscurité était presque total tant la végétation était serrée. Ronces, et hautes herbes me griffait tandis que je me pliai en deux les pied dans le ruisseau afin de frayer un chemin. Me félicitant d’avoir ôté ma cape, je fini par ressortir de l’autre coté du mur de broussailles. J’étais trempé, griffé et ma blessure me brûlait horriblement mais je n’y fis pas attention. Je me sentais proche du but. A pas de loup, je continuait à suivre le cours d’eau. Et soudain je repérai Sandra entre les arbres. Je me jetai derrière un buisson de hou en espérant qu’elle ne m’avait pas vu. Après quelques instants, je jetais un coup d’œil par dessus ma cachette. Sandra était là, au bord d’un petit lac creusé au pied de la falaise qui fermait la vallée. Une cascade clair et rapide s’échappait de la roche et e s’y jetait avec une bruit discret d’éclaboussure. Le ruisseau que j’avais suivi prenait sa source dans ce lac. Les arbres semblaient former un cercle autour de celui-ci comme s’ils avaient été disposés ainsi par la main de l’homme. Un fin gazon descendait de la lisière du bois sur les quelques mètres qui la séparait du point d’eau. Au centre de celui-ci, sur un rocher plat et lisse, était dressé une sorte d’autel, en fait une simple table de pierre, qui luisait d’humidité.
L’élue restait immobile près de l’eau limpide, hochant la tête de temps en temps comme si elle écoutait quelqu’un parler et acquiesçait à ce qu’on lui disait. Mais je n’entendais rien. Elle s’approcha de l’eau et dégrafa sa robe. Cela me pris complètement par surprise. Figé de stupeur, je ne détournai pas la tête comme j’aurai du le faire pour respecter son intimité. Mes sens étaient enflammés comme jamais ils ne l’avaient été. Je contemplais ses formes parfaites et je cru perdre la raison. En quelques instants, il n’y eut plus qu’elle au monde. Elle et rien d’autre. Je ne vit pas l’eau dans la quelle elle entrait ni l’autel de pierre au pied du quel elle s’agenouilla en prière.
Je ne sais pas très bien ce qui s’est passé après ça. La vision du corps nu de Sandra est mon seul souvenir clair de ce moment. Tout ce que je sais, c’est que j’ai finis par rebrousser chemin par peur d’être découvert et que je suis retourné à notre camp. J’ignore si Karlos et les autres remarquèrent quelque chose, je m’en fichais. Je m’écroulai contre une des souches et restais ainsi sans prendre part à la conversation ni même l’écouter.
Sandra revint peu de temps après moi, j’avais visiblement choisi le dernier moment pour revenir sur mes pas. Je n’osai pas la regarder de peur qu’un signe de ce que j’avais vu n’apparaisse sur mon visage.

***

Soudain, le vieille homme éclata d’un rire clair coupant Eric dans son récit. Étonné, il resta sans voix devant cette réaction. Puis l’autre s’excusa et lui fit signe de continuer.
Vous me trouvez ridicule n’est-ce pas ? dit Eric. Peut-être. C’est vrai qu’en y repensant, je devait avoir l’air ridicule à ce moment. Et même si aujourd’hui, je suis sur que tous avaient remarqué mon étrange attitude, personne n’en fit la remarque ce qui me laissa croire que mes actions étaient passées inaperçues.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





La rue des conteurs Empty
MessageSujet: Re: La rue des conteurs   La rue des conteurs Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
La rue des conteurs
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Site de l' Alliance de La République des Cieux :: Partie générale :: Salon Role play-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser